Ce que j'allais dire juste au moment où Avril a posté son message :
Un vieux monsieur est mort. Soit. Un monsieur presque centenaire s'est éteint, aimé par sa famille, salué par les médias, reconnu comme une figure politique entière et légitime, entouré.
Un vieux monsieur qui a pratiqué la torture et non content de n'avoir jamais eu à rendre de comptes pour ses actes, de n'avoir jamais fait contrition, en a reçu des honneurs.
Un vieux monsieur qui a fondé son empire sur la haine et a réussi les paris de la prospérité et de la postérité.
Un vieux monsieur qui a dû s'éteindre paisiblement, sachant que deux générations de sa descendance marchent dans ses traces, que son héritage subsiste. Qui a dû partir le sourire aux lèvres, voyant que la relève a un avenir florissant devant elle, une voie dorée déroulée sous ses pieds, une vigueur que ses convictions n'avaient plus rencontrées de son vivant.
Il n'est pas parti parce que son temps était révolu et qu'il était une relique d'un passé dont plus personne ne voulait entendre parler. Il n'est pas parti défait. Il est parti en vainqueur, sa mission accomplie, une longue vie prospère, réussie et pleine d'amour derrière lui.
Au terme d'une longévité exceptionnelle. Comme s'il avait volé du temps de vie à d'autres.
Je peux pas me réjouir de ça.
