La notion d’intégrité numérique avec celles déjà existantes d’intégrité physique et psychique protégées par les droits fondamentaux. L’intégrité numérique implique avant tout une reconnaissance de l’existence numérique des individus. Cela nécessite des droits spécifiques pour garantir à chacun la possibilité d’être protégé contre les préjudices, mais également d’être reconnu comme une personne libre, capable d’exercer son autonomie. Le droit à la protection de l’intégrité numérique est le corollaire de la capacité de l’individu à pouvoir s’engager dans un contrat, de voter ou tout simplement de prendre des décisions qui l’engagent dans une dimension numérique. Le concept d’intégrité numérique n’a pas encore véritablement émergé dans les discussions publiques. Si on y trouve une trace dans un discours du président de la République française Emmanuel Macron daté de juin 2017, ce n’est que dans une perspective sécuritaire d’un État qui doit se défendre de la cybercriminalité : […] Et donc, oui, cette transformation que nous avons à vivre, c’est aussi celle de la sécurité. La cybercriminalité, les cyberattaques font partie de notre quotidien et en la matière, la France doit viser l’excellence. En protégeant les données personnelles et l’intégrité numérique. […]. En 2011 et 2012, les auteurs se souviennent des discussions au sein du Parti Pirate à Genève où ils ont choisi le terme sans en imaginer forcément la portée. La notion apparait de façon sporadique sur des réseaux sociaux dès 2014 en Allemagne et en Suisse. La volonté des auteurs est alors de préciser et définir les contours de la notion. Afin de lancer le débat sur l’avènement d’un droit à l’intégrité numérique, il est essentiel au-delà de la définition de s’entendre sur ce que la notion implique pour les citoyens et l’ordre juridique actuel. On notera une référence intéressante à la notion d’intégrité numérique dans une interview de Nathalie Vernus Prost, administratrice générale des données de la Métropole de Lyon. Les données personnelles relèvent de l’identité numérique du citoyen : celui-ci doit pouvoir davantage les maîtriser, les préserver et les utiliser comme bon lui semble. Comme on parle d’intégrité physique, on pourrait parler d’intégrité numérique. Le défi est de faire prendre conscience que la donnée personnelle fait pleinement partie de la vie de l’usager, et que ce n’est pas du patrimoine, cela fait partie de son être, même si c’est du virtuel ! Extrait de « Notre si précieuse intégrité numérique » par Alexis Roussel et Grégoire Barbey
L’intégrité numérique Dire qu’un homme se donne gratuitement, c’est dire une chose absurde et inconcevable ; un tel acte est illégitime et nul, par cela seul que celui qui le fait n’est pas dans son bon sens. Dire la même chose de tout un peuple, c’est supposer un peuple de fous : la folie ne fait pas droit. Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social Les individus ont dans nos sociétés modernes une existence numérique, qu’ils soient volontairement ou non utilisateurs de technologies. Cette existence est d’ailleurs telle qu’aucune personne aujourd’hui ne peut connaitre de manière exhaustive la liste de toutes les entreprises privées, organismes publics et relations sociales qui possèdent des données plus ou moins précises les concernant, ni en outre savoir quelles sont les informations qui circulent à son sujet. L’étendue et l’importance de l’existence numérique des femmes et des hommes d’aujourd’hui sont telles qu’il faut bien évidemment introduire des garde-fous pour garantir le respect des droits fondamentaux qui protègent chaque individu d’une trop grande intrusion dans sa sphère privée. Si la démonstration de l’existence numérique n’était pas exhaustive au chapitre précédent, c’est tout simplement parce qu’il n’est pas possible de définir les contours précis de celle-ci. Chaque individu a une empreinte qui lui est propre. La démonstration de l’existence numérique des individus doit suffire à rendre plausible le fait qu’il est nécessaire de protéger l’intégrité humaine dans sa dimension numérique également. Extrait de « Notre si précieuse intégrité numérique » par Alexis Roussel et Grégoire Barbey
Privacy can only be built on Anonymity. Thus, The right to Privacy can only exist with the right to anonymity. Claiming privacy can be achieved in a mass-surveillance state is a paradox.